• Mesures drastiques décidées par l’UE pour préserver les oliviers

    L’union européenne prévoit une sorte de « plan ORSEC » pour préserver l’Europe de la propagation de la bactérie tueuse qui affecte les oliviers italiens.

    La commission européenne a renforcé son dispositif contre la propagation d’une bactérie tueuse d’oliviers active dans le sud de l’Italie et ce, malgré l’opposition de Rome où se situe le premier foyer de propagation notamment dans les Pouilles, et à qui plus d’efforts ont été demandés.

    Les « mesures renforcées » prévues par la Commission européenne portent sur la mise en place d’une zone tampon de 20 km autour du foyer de l’infection, dans la province italienne de Lecce (sud).

    Abattre les arbres touchés

    Les arbres malades y seront abattus, et une stricte surveillance sera mise en place dans un rayon de 100 mètres autour de chaque souche contaminée, a précisé la Commission dans un communiqué.

    Les États membres de l’UE doivent aussi notifier toute apparition de la bactérie et délimiter la zone touchée. En cas de nouveau foyer, ils devront détruire dans un rayon de 100 mètres toutes les plantes susceptibles d’accueillir la bactérie, soit 200 espèces, selon l’Agence européenne de sécurité alimentaire, dont vignes et citronniers.

    Les experts du comité phytosanitaire ont encore décidé « de soumettre à de strictes conditions les importations et mouvements de plantes » concernées. Mais ils ont renoncé à bannir les importations de plantes vivantes en provenance de la zone touchée.

    Restrictions françaises

    La France, qui avait adopté un tel embargo début avril, notamment face aux inquiétudes en Corse, lèvera son interdiction quand les nouvelles mesures seront officiellement adoptées, a indiqué le ministère français de l’agriculture.

    Les importations de plants de café du Honduras et de Costa Rica seront-elles interdites ? Elles sont soupçonnées d’avoir été à l’origine de l’apparition de la bactérie, Xyllela fastidiosa, en Italie, signalée en 2013.

    Accusée de n’avoir pas appliqué les mesures d’éradication prescrites par l’UE dès février 2014, notamment face au tollé suscité dans le pays par la perspective d’arracher des oliveraies centenaires, l’Italie a été isolée, selon une source européenne, au point que lors d’un vote, tous les experts ont voté contre leur collègue italien.

    Quelque 10 % des 11 millions d’oliviers de la région de Lecce sont touchés, selon les autorités italiennes. « Abattre l’arbre est la seule solution », soutiennent les experts de l’Union européenne.

    Aides prévues

    Le gouvernement italien a débloqué 14 millions d’euros pour permettre aux autorités locales d’aider les exploitations touchées, et des cofinancements européens sont envisageables pour les arrachages, mais aucun dédommagement n’est prévu, selon une source européenne.

    Le ministre français de l’agriculture, Stéphane Le Foll, « salue la mise en place » de ces mesures européennes qui permettent « d’améliorer l’efficacité de la lutte contre cette bactérie ».


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  • En Tunisie, le bon génie des oliviers

    Le diffuseur enterré, technique innovante d’irrigation économe en eau, inventée par le chercheur tunisien Bellacheb Chahbani, vient à la rescousse des oliviers condamnés par la sécheresse.

    « Les oliviers millénaires de Djerba sont les plus anciens de tout le Maghreb ! »,s’enorgueillit Bellacheb Chahbani.

    Chercheur agronome pendant vingt-cinq ans à l’Institut tunisien des régions arides (IRA), Bellacheb Chahbani est aujourd’hui à la tête de l’entreprise innovante Chahtech SA, spécialisée dans les techniques d’irrigation économes en eau.

     La Tunisie est une immense oliveraie. « 70 millions d’oliviers », poursuit le chercheur, qui se définit comme un « insulaire qui n’aime pas quitter son île, djerbien jusqu’au bout des ongles ». Bellacheb Chahbani prend néanmoins chaque jour le bac pour rallier le continent, à El Jorf, là où les oliviers s’étendent à perte de vue. On les voit le long des routes, les feuilles séchées, racornies, parfois même ici ou là un arbre mort.« Regardez comme ils sont stressés, fatigués. Deux années de souffrance à cause de la sécheresse. Ils ne vont pas pouvoir produire cette année. Ils vont être totalement mobilisés pour rétablir leurs branches », diagnostique le chercheur.

    La production tunisienne s’est effondrée

    Rude pronostic, alors que la production tunisienne d’huile d’olive s’est déjà effondrée de 63 % en un an. Noureddine Agrebi, le directeur général des industries agroalimentaires, a dressé le bilan le 13 mars : une production de 80 000 tonnes, contre 220 000 tonnes pour la saison précédente pour un pays qui était jusqu’alors le quatrième producteur mondial.

    Bellacheb Chahbani a installé son usine en pleine nature, au beau milieu des oliviers souffreteux. Ses quelques oliviers resplendissent, en pleine floraison, comme une promesse d’avenir pour le patrimoine oléicole environnant. « Ils étaient quasiment morts. En cinq ans, des rejets sont devenus des arbres qui poussent très vite grâce au réseau de racines de l’arbre ». C’est qu’ils ont chacun à leur pied trois diffuseurs enterrés dans le sol à une cinquantaine de centimètres de profondeur.

    L’invention du diffuseur enterré a valu à Bellacheb Chahbani un joli bouquet d’une douzaine de récompenses dont le premier prix de l’Association tunisienne des inventeurs en 2001, la médaille d’argent au Salon international des inventions de Genève en 2002, le prix international de l’Unesco pour l’eau en 2009, le classement dans le Top 20 des PME innovantes de la Banque mondiale en 2011.

    « Maintenant il faut vendre et produire »

    En décembre dernier, il était encore lauréat du Forum Afrique-100 innovations pour un développement durable, à l’occasion du Sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique.

     « Des prix, j’en ai assez ! Maintenant il faut vendre et produire », ironise l’entrepreneur de 63 ans, toutefois reconnaissant. « Ces prix internationaux m’ont protégé du temps de Ben Ali, estime-t-il. Lorsque dans la foulée de l’Unesco, le président Ben Ali m’a remis un prix de l’innovation scientifique, j’ai eu peur qu’il ne veuille mettre la main sur mon entreprise le jour où elle marcherait. Heureusement que la révolution est passée par là ! Je remercie vraiment ceux qui l’ont faite ! » 

    Une pratique ancestrale

    C’est parce qu’il a toujours vécu dans « une région qui souffre de l’eau » que Bellacheb Chahbani s’est échiné à vouloir l’économiser en s’inspirant d’une pratique ancestrale. « Mon grand-père utilisait la jarre, il enterrait cette pièce poreuse pleine d’eau au pied des arbres afin qu’elle transmette tout doucement l’eau dans le sol. Seulement la jarre finissait par se casser ou les pores par se colmater ». 

    En 2001, après plusieurs pistes infructueuses, le chercheur dépose au nom de l’Institut des régions arides un brevet, qu’il rachètera en 2009 pour commercialiser son invention de diffuseur enterré.

    La technique est astucieuse. Le récipient de plastique enterré dans le sol est troué dans sa partie inférieure. L’eau injectée par un tuyau passe par ces trous et imbibe une plaque poreuse en grains de quartz, matière inerte, hydrophobe et inaltérable, puis s’infiltre dans la terre. « Il ne faut pas que le matériau retienne l’eau, sinon les racines sont attirées et colmatent le diffuseur », explique l’inventeur.

    Un olivier requiert quatre diffuseurs à ses pieds reliés entre eux par un réseau de tuyauterie enterré. En surface, un gros tuyau relie les arbres les uns aux autres depuis une citerne construite en hauteur pour que l’eau puisse irriguer par gravitation sans recourir à une pompe, à moins que le paysan chanceux ne dispose d’un puits.

    Les signes de renaissance

    Parcourant une parcelle d’une quarantaine d’oliviers en perdition, Bellacheb Chahbani s’enthousiasme devant les premiers signes de renaissance. « On a installé le système d’irrigation il y a deux mois. On irrigue en continu jusqu’à ce que chaque arbre reçoive 10 m3 d’eau – soit 2,5 m3 par diffuseur. Cette fois-ci on a injecté 2 m3 supplémentaires pour compenser la détresse. On irrigue une seule fois dans l’année ! » C’est aussi ça la recette : la terre sert de réservoir pour l’eau,

    pour autant qu’elle contienne un minimum de 10 % d’argile. « On ne perd pas une goutte d’eau, et si l’année est pluvieuse, l’eau stockée dans le sol servira l’année suivante, la plante ne boit que quand elle a soif. » 

    La technique permet d’irriguer de manière anticipée, en hiver quand la ressource en eau est plus disponible, en même temps que pendant la récolte des olives, simplifiant le travail des paysans. « On irrigue et après on range le tuyau qui ne sert qu’une fois l’an ! » Fini le système du goutte-à-goutte qu’il faut sans cesse entretenir, changer au bout de quelques années parce qu’il se dégrade sous l’action du soleil ou des animaux qui le mordent pour boire de l’eau.

    60% d’eau économisés

    Et surtout le diffuseur économise jusqu’à 60 % d’eau par rapport au goutte-à-goutte et ne dope pas les mauvaises herbes grâce à l’irrigation en profondeur.

     « On peut ainsi gérer à la fois l’abondance et la rareté en eau dont souffrent de plus en plus nos régions, en récupérant l’eau des pluies torrentielles pour l’injecter au pied des arbres. L’espace vital d’un olivier étant de 100 m2, on peut même stocker des réserves d’eau pour satisfaire les besoins de l’arbre pour trois ou quatre ans et lui permettre ainsi de se développer même sans pluie ! » 

    Une association locale de sauvegarde du patrimoine et de l’environnement a financé avec l’aide du Fonds mondial pour l’environnement une série de tests chez des paysans motivés. « J’ai beaucoup appris des paysans qui m’ont orienté dans mes recherches. » Et l’IRA a commandé 10 000 pièces à Chahtech pour ses travaux.

    Mais la Tunisie n’a pas encore perçu le potentiel qu’elle a à portée de mains pour ses oliveraies. Le ministère de l’agriculture du précédent gouvernement a refusé d’inscrire Chahtech dans la liste des techniques d’économies d’eau subventionnées (le système revenant à 10 € par arbre). « L’idée que l’innovation vient forcément de l’Europe ou des États-Unis est ancrée dans la mentalité des pays arabes », regrette-t-il. Alors les premiers tests à grande échelle se feront ailleurs.

    Un million de dollars d’investissement

    L’Arabie saoudite vient de lui commander 30 000 diffuseurs. Des pourparlers ont commencé avec une entreprise californienne pour un million de pièces, avec l’Inde pour un projet de co-entreprise.

    De quoi faire tourner les quatre machines à injection de l’usine à même de produire 1,5 million de pièces par an. Pour l’instant l’usine, qui a représenté un million de dollars d’investissement, fonctionne cahin-caha, avec des travailleurs saisonniers au gré des commandes épisodiques. Mais Bellacheb Chahbani voit grand et loin pour doubler la production, construire une deuxième usine, décliner ses diffuseurs pour les cultures potagères et même les plantes d’appartement… et pour léguer serein Chahtech à l’un de ses trois enfants.

    Rareté et abondance de l’eau 

     La région Moyen-Orient et Afrique du Nord est celle où les ressources en eau sont les plus rares au monde. Ce stress hydrique est voué à s’aggraver selon le rapport de la Banque mondiale paru le 21 mars sur les catastrophes naturelles de la région. En 1950, le volume des ressources renouvelables en eau par personne était quatre fois plus élevé qu’aujourd’hui. Selon les projections, elles devraient chuter encore d’ici à 2050, à un niveau onze fois inférieur à la moyenne mondiale.

     La Tunisie est affectée par des périodes de sécheresse plus longues. Un tiers de ses nappes d’eau sont surexploitées et sujettes à la salinisation. Au demeurant, le pays est, en matière de catastrophes naturelles, huit fois plus touché par les inondations que les sécheresses.

     

     

     

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  • Une bactérie menace les oliviers européens

    Dans les Pouilles, dans le sud de l’Italie, plus d’un million d’oliviers ont déjà été contaminés.

    Un débat fait rage sur le nombre d’arbres à arracher, alors que plusieurs espèces d’arbres fruitiers sont menacées.

    D’où vient cette bactérie ?

    Elle s’appelle Xylella fastidiosa et se trouve déjà responsable d’une véritable hécatombe dans la région méridionale des Pouilles. Selon les chiffres du commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, cette bactérie a infecté plus d’un million d’oliviers de la province de Lecce. Soit environ 10 % des 11 millions d’oliviers de ce territoire.

    On ne sait pas comment Xylella fastidiosa est arrivée là. « Cette bactérie a été découverte en 1890, sur de la vigne en Californie, où elle a fait de très gros ravages. Elle est aujourd’hui présente dans 28 États américains et s’est étendue à une partie de l’Amérique du Sud », rapelle Daniel Sainte-Beuve, responsable des filières végétales à l’Office du développement agricole et rural de Corse.

    « En Europe, le premier foyer a été découvert en 2013, mais il est probable qu’il a démarré avant, précise-t-il. Le plus probable est qu’elle soit arrivée du Costa Rica, dont les souches sont proches de celle trouvée en Italie, nichée dans un végétal. »

    Comment se propage-t-elle ?

    Depuis son apparition dans les Pouilles, Xylella s’est répandue, portée par des insectes piqueurs comme la cicadelle, qui se contamine en piquant un arbre pour en sucer la sève. « L’insecte reste porteur à vie, précise Daniel Sainte-Beuve, et va propager la maladie à tous les autres arbres qu’il pique. »

    Selon le ministère de l’agriculture français, la bactérie se manifeste au bout de plusieurs mois. Après avoir attaqué la cime du feuillage, elle dessèche totalement le végétal, jusqu’au tronc.

    Comment peut-on réagir ?

    Aucun remède scientifique n’a été trouvé pour sauver les arbres malades. Dès lors, les solutions sont limitées : il faut circonscrire une zone sanitaire de façon à isoler les foyers épidémiques – ce qui a été fait en Italie, pour 214 000 hectares – et procéder à l’arrachage des arbres.

    Une stratégie qui provoque le débat, en Italie et ailleurs en Europe. Selon la Commission européenne, Rome a retardé l’arrachage des arbres pour ne pas s’exposer à la colère des producteurs. « Très peu d’oliviers ont été abattus » et un deuxième foyer d’épidémie a été signalé dans la province de Brindisi, ont indiqué les services de la Commission.

    « Jamais aucun foyer n’a été éteint, déplore Daniel Sainte-Beuve. Un arrachage massif et le contrôle sérieux de la zone sont les seules solutions. Mais il faudra indemniser tout le monde, producteurs comme pépiniéristes, car cela va coûter très cher. »

    Mais la résistance monte en Italie contre la destruction d’oliveraies centenaires, qui ont façonné le paysage des Pouilles. Certains experts rappellent que la Californie vit encore avec Xylella et que la vigne est toujours présente dans la Napa Valley.

    L’association italienne Peacelink invoque également des études scientifiques mettant en cause d’autres facteurs que Xylella dans les ravages subis par les oliveraies, notamment des champignons. « La Commission européenne risque de condamner à mort tout l’écosystème des Pouilles » sur la base d’études erronées, met-elle en garde.

    Les agriculteurs français sont-ils menacés ?

    Présente dans le sud de l’Italie, l’épidémie menace tout le sud du continent, le froid semblant être un facteur limitant. En France, en Espagne et au Portugal, l’inquiétude est d’autant plus grande que Xylella peut s’attaquer à d’autres végétaux, comme la vigne, les agrumes, les abricotiers, cerisiers, pêchers ou pruniers.

    Le 13 mars, la préfecture de Corse a souligné que Xylella n’avait pas été signalée dans l’île. Mais elle a lancé un appel à la vigilance.


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  • La moitié des espèces d'arbres menacées de disparition

    La moitié des espèces arborescentes utilisées dans le monde sont menacées de disparition. Elles sont victimes de la surexploitation, la conversion des forêts en pâturages et terres agricoles et le changement climatique.

    Selon l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), qui présentait mardi 3 juin 2014 à son siège à Rome son premier rapport sur «L'Etat des ressources génétiques forestières mondiales», «seulement 3% environ des espèces arborescentes (soit 2400) du monde font l'objet d'une gestion active».

    Le rapport, basé sur les données communiquées par 86 pays, porte sur 8000 espèces d'arbres, arbustes, palmiers et bambous parmi les plus utilisées par l'homme - sur les 80'000 à 100'000 estimées dans le monde.

    Seules 700 espèces font l'objet d'une amélioration active par la sélection et la reproduction. «Ce qui signifie que moins d'un pour cent de toutes les espèces forestières existantes sont évaluées en vue d'une amélioration de leur production et de leur adaptabilité».

    Mesures urgentes nécessaires

    Pourtant, souligne l'organisation, les forêts contribuent au renforcement de la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté par la fourniture de miel, légumes-feuilles, fruits, graines, noix, racines, tubercules et champignons.

    «Les forêts sont une source d'aliments, de biens et de services essentiels à la survie et au bien-être de l'humanité», insiste le directeur-général de la FAO chargé des forêts, Eduardo Rojas-Briales cité dans le communiqué.

    La FAO appelle à des mesures urgentes pour améliorer la gestion des forêts et juge «vital de concevoir et de renforcer des programmes nationaux de semences pour garantir la disponibilité en semences forestières».


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  • Plus un arbre est vieux et gros, plus il absorbe du CO2

    PLANETE - Une étude de Nature contredit le postulat selon lequel les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique...

    Un virage à 180 degrés. Alors que jusqu'ici, le postulat voulait que les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique, une étude publiée cette semaine révèle qu'au contraire plus un arbre est vieux, plus il capture du dioxyde de carbone dans l'atmosphère pour continuer à croître.

    Les résultats des travaux sur l'impact des forêts sur le réchauffement climatique, publiés dans Nature, indiquent que sur plus de 400 types d'arbres étudiés, ce sont les spécimens les plus vieux et donc les plus grands de chaque espèce qui grandissent le plus vite et qui absorbent ainsi le plus de CO2. «C'est comme si pour des humains, la croissance s'accélérait après l'adolescence au lieu de ralentir», a résumé  Nathan Stephenson, l'un des auteurs. Les arbres absorbent le CO2 de l'atmosphère, le principal gaz à effet de serre, et le stockent dans leurs troncs, leurs branches et leurs feuilles.

    Un rôle de puits de carbone

    Les forêts jouent ainsi un rôle de puits de carbone, mais jusqu'à quel point elles ralentissent le réchauffement fait débat. «Nous savions déjà que les forêts anciennes stockaient plus de carbone que des forêts plus jeunes», explique Nathan Stephenson. Mais, poursuit-il, «les forêts anciennes ont des arbres de toutes tailles et il n'était pas clair lesquels grandissaient le plus vite, capturant ainsi le plus de dioxyde de carbone».

    Cette étude apporte une réponse claire à cette question: «pour réduire le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère, c'est mieux d'avoir davantage de gros (et donc vieux, Ndlr) arbres», résume le chercheur. «Cette connaissance va nous permettre d'améliorer nos modèles pour prévoir comment les changements climatiques et les forêts interagissent», a souligné Nathan Stephenson.

    Près de quarante chercheurs ont participé à cette étude, qui a analysé des données remontant jusqu'à 80 ans en arrière et portant sur 670.000 arbres de 403 espèces différentes existant sur tous les continents.


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  • Les plus vieux et plus grands arbres de la planète se meurent

    ENVIRONNEMENT - Des arbres vieux de 100 à 300 ans connaissent une mortalité inquiétante...

    Des scientifiques ont mis en garde vendredi contre la mortalité alarmante des arbres géants et très anciens, plus grands organismes vivants de la planète, qui abritent quantité d'oiseaux et une riche biodiversité. Ces travaux, menés par des universitaires australiens et américains, ont été publiés dans la revue Science. Ils concluent que partout les vieux grands arbres sont menacés de disparition si aucune politique de préservation n'est mise en oeuvre. «C'est un problème mondial qui concerne presque tous les types de forêts», a indiqué David Lindenmayer de l'Université nationale d'Australie, chef du programme. «A l'image des grands animaux comme les éléphants, les tigres ou les cétacés dont la population est en fort déclin, un faisceau d'indices nous montrent que ces arbres courent le même risque».

    Disparition inquiétante d’arbres vieux de 100 à 300 ans

    David Lindenmayer a entrepris cette étude avec des collègues de l'Université James Cook en Australie et de l'Université de Washington aux Etats-Unis après avoir travaillé sur les forêts suédoises à partir de relevés remontant jusqu'aux années 1860. Les chercheurs ont constaté une disparition inquiétante de grands arbres, vieux de 100 à 300 ans, sous toutes les latitudes en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en Amérique latine et en Australie. Les sorbiers d'Australie, les pins des Etats-Unis, les séquoias de Californie ou les baobabs de Tanzanie constituent les principales espèces en danger.

    Les feux de forêts ne sont pas les uniques responsables car le taux de mortalité est dix fois supérieur à la norme, même les années sans feux. Ce phénomène est, selon les scientifiques, le résultat d'une combinaison de facteurs tels que le réchauffement climatique, l'abattage et le besoin en terres agricoles. «Nous sommes en train de parler de la disparition des plus grands organismes vivants de la planète, des plus grandes plantes à fleurs de la planète et d'organismes qui jouent un rôle déterminant dans la régulation et la richesse de notre monde. La tendance est vraiment très préoccupante», a déclaré Bill Laurance de l'Université James Cook. Les grands arbres sont en effet le lieu de nidification et de vie de près de 30% des oiseaux et des animaux de notre écosystème. Ils constituent aussi d'énormes puits de carbone, d'importantes réserves de substrats, ils permettent à une multitude d'organismes vivants de s'épanouir et influencent l'hydrologie.

     


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  • Ban appelle à la lutte contre l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé

    6 novembre 2013 – Le Secrétaire général Ban Ki-moon a souligné mercredi l'importance de protéger l'environnement en temps de conflit armé, soulignant qu'une gouvernance forte des ressources naturelles pouvait contribuer à une paix durable.

    « Si nous renforcions la gouvernance des ressources naturelles et exercions une surveillance plus stricte dans les États touchés par les conflits, nous pourrions empêcher ces ressources d'alimenter les conflits, consacrer des recettes tant nécessaires à la revitalisation de l'économie et instaurer une paix plus durable. À l'inverse, tout échec sur le plan de la protection et de la gestion des ressources naturelles de manière équitable ne fera qu'accroître la vulnérabilité de ceux qui dépendent le plus de ces ressources, surtout les pauvres », a déclaré dans le message qu'il a adressé à l'occasion de la Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé, observée aujourd'hui.

    Établie en 2001, cette Journée est destinée à mettre en lumière les liens étroits entre conflits et pillage des ressources naturelles.

    Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a relevé que, lors des soixante dernières années, au moins 40% de tous les conflits internes ont été liés à l'exploitation de ressources naturelles, soit des ressources de grande valeur comme le bois de construction, les diamants, l'or et le pétrole, soit des ressources rares, telles que les terres fertiles et l'eau. À titre d'exemple, le trafic du charbon en Somalie permet aux insurgés et aux groupes terroristes d'engranger des recettes annuelles d'un montant de 384 millions de dollars.

     

    « En cette Journée internationale, nous soulignons combien il est fondamental de protéger l'environnement en période de conflit armé et de restaurer la bonne gouvernance des ressources naturelles au cours de la reconstruction après les conflits », poursuit M. Ban.

    « Nous constatons également le rôle important que jouent les ressources naturelles sur le plan des moyens de subsistance et de la résilience de tous les membres de la société et tout particulièrement des femmes, et la gestion durable des ressources naturelles dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. »

    M. Ban fait également référence aux difficultés rencontrées pour éliminer des armes de destruction massive sans porter atteinte à l'environnement, comme c'est le cas pour l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques en Syrie, où la destruction des armes chimiques et des centres de production doit s'accompagner de mesures strictes pour empêcher la contamination et l'apparition de nouveaux « points chauds » environnementaux.

    L'environnement peut également être contaminé par les mines terrestres et les munitions non explosées, qui représentent tout particulièrement une menace pour les femmes et les enfants, qui y sont souvent plus vulnérables, du fait de leurs activités quotidiennes, note encore le Secrétaire général.

    Parallèlement, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et Interpol ont marqué cette Journée en organisant à Nairobi, au Kenya, une réunion de haut niveau sur l'impact de la criminalité sur l'environnement, la sécurité et le développement. Pendant deux jours, les participants réfléchiront aux moyens de développer et de mettre en œuvre des stratégies innovantes de lutte contre les crimes contre l'environnement et de coopérer avec les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales.

    Dans un communiqué de presse conjoint, Interpol et le PNUE soulignent que les crimes contre l'environnement, comme le commerce illicite de la faune, sont un problème croissant au niveau international. Ce commerce est estimé à lui seul à entre 15 à 20 milliards de dollars par an, et ses revenus utilisés pour aider à financer le terrorisme et la criminalité organisée dans le monde entier. En outre, la pêche illégale, non déclarée et réglementée représente entre 11 et 26 millions de tonnes par an, soit 15% des prises réalisées chaque année dans le monde entier.

    « Le pillage des ressources naturelles […] est en train de rapidement s'imposer comme un nouveau défi pour l'éradication de la pauvreté, le développement durable et la transition vers une économie verte inclusive », a déclaré le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner.

    « Que ce soit le bois ou la pêche, ou le déversement de déchets dangereux, l'amélioration de la collecte d'informations, le travail de la police, le renforcement des capacités de douane et l'engagement du pouvoir judiciaire sont des éléments déterminants pour un monde plus juste et moins propice à la criminalité. »


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  • Une forêt vierge à 18 mètres de profondeur, c'est l'étrange découverte qui vient d'être faite au large de l'Alabama.

    52 000 ans d’existence – dont une partie sous-marine – et ils sentent encore la sève fraîche ! Une forêt de cyprès chauves vient d’être découverte dans le golfe du Mexique, au large de l’Alabama, à 18 mètres de fond. Les souches de cette espèce typique d’Amérique du Nord s’étendent sous l’eau, sur une superficie de 0,8 km2.

    Le temps les a recouvertes de sédiments, les transformant en récif prisé des poissons et crustacés. Les pêcheurs avaient bien sûr repéré l’endroit, mais c’est Ben Raines, directeur de la fondation à but non lucratif Weeks Bay, qui est le premier à l’avoir exploré.

    L’humain les découvre quand leur temps est compté

    C’était en 2012, sept ans après que l’ouragan Katrina a – suppose-t-on – déplacé ces sédiments marins, rendant les souches visibles... et vulnérables. On estime que, d’ici deux ans, les animaux les auront presque entièrement détruites en raison des trous qu’ils y creusent. Reste donc peu de temps pour déterminer depuis combien de siècles les arbres poursuivent leur vie dans l’eau salée.

    Les anneaux de croissance des arbres pourraient également être riches d’enseignements sur le climat du golfe du Mexique, pendant la période glaciaire notamment (entre 85 000 et 7 000 ans avant JC), quand le niveau de l’océan était beaucoup plus bas qu’aujourd’hui.


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  • Ethiopie : le retour de la forêt

    Dans le nord de ce pays qui a perdu près de 90 % de ses forêts, des villageois travaillent à la faire renaître. Avec le soutien de la Fondation Yves-Rocher et de l’organisation Green Ethiopia.

     

    Le soleil mord. La chaleur est écrasante. Les cailloux, la terre aride et friable manquent parfois de le faire tomber, mais Weldwahd s’accroche. Péniblement, il grimpe la colline. Et s’il grimace, ce n’est ni de douleur ni de fatigue, ni même à cause du thermomètre, qui affiche déjà en cette fin de matinée 35 °C. Le visage fermé, Weldwahd se penche pour ramasser une racine desséchée. Insensible à la chaleur, à la soif et à cette poussière qui achève de lui brûler le fond de la gorge, l’homme est simplement dévasté par le spectacle de ce bout de bois racorni posé au creux de sa main. « Je veille sur ces collines dès l’aube et jusqu’au coucher du soleil. Rien n’y fait. Les rongeurs mangent les racines. Nous avons planté trente mille arbres ces derniers mois, mais déjà près de vingt mille ont été détruits. » Sa douleur est à la mesure du désastre. Nous sommes dans la vallée de Seglem, à une quinzaine de kilomètres d’Aksum, dans l’extrême nord de l’Éthiopie. Ce pays pauvre de la corne de l’Afrique, le plus peuplé du continent, est confronté à une déforestation massive et effrénée. Cinq décennies auront suffi pour faire disparaître 90 % des arbres. Il y a cinquante ans à peine, les forêts, encore luxuriantes, s’étendaient sur près de 60 % du territoire. Aujourd’hui, elles ne recouvrent plus que 3 % du sol éthiopien, qui continue de voir disparaître chaque année plus de 1 400 kilomètres carrés de forêts naturelles. Dans le cortège de randonneurs mené par Weldwahd, le gardien des lieux, se trouvent Irène Pfi ster-Hauri et Jacques Rocher. Elle est à la tête d’une petite organisation familiale, baptisée Green Ethiopia, dont l’objectif est d’oeuvrer au reboisement du pays. Jacques Rocher, président de la Fondation Yves-Rocher, a quant à lui récompensé Irène en 2009. Lauréate du Grand Prix international Terre de femmes pour son action en Éthiopie, elle est, depuis, soutenue financièrement par la fondation. Leur action commune a permis de planter près de onze millions d’arbres et l’objectif est de dix-sept millions à l’horizon 2015. Des chiffres qui ne consolent pas Weldwahd ni son épouse, Tequam. « Mon mari et moi veillons sur ces collines et les arbres depuis sept ans déjà. Avec les villageois, nous travaillons dur. Nous menons des travaux de terrassement à mains nues et à dos d’homme sur les hauteurs pour accueillir les plants d’arbres, retenir l’eau de pluie, limiter les dégâts de l’érosion et l’appauvrissement des terres destinées à l’agriculture. Ces arbres sont l’avenir de nos enfants. Je ferai tout pour les préserver. Je suis une femme mais je n’ai pas hésité à prendre les armes pour combattre la dictature de Mengistu [le militaire qui a dirigé le pays de 1974 à 1991, NDLR]. Aujourd’hui, le combat continue contre la sécheresse et pour nos arbres. Mais il se mène sans armes. Comme tous nos concitoyens, nous donnons vingt journées de travail chaque année dans les montagnes des alentours pour planter et construire des terrasses. Nous ne sommes pas payés pour cela. Les Éthiopiens ont, comme nous, compris que c’était un devoir civique de préserver les arbres mais que, surtout, cela profite à tous. »
    Tandis que son époux songe aux deux tiers des plantations détruites, les spécialistes venus sur le terrain avec Jacques Rocher et Irène Pfi ster-Hauri le rassurent. Pour contrer le fléau, ils proposent de planter des arbres aux racines plus amères, donc moins appréciées des rongeurs. À quelques kilomètres de là, les femmes de la pépinière Mekalou s’attellent à tout faire pour que les arbres deviennent robustes et résistants aux nuisibles et à la sécheresse. La pépinière est financée par l’association Green Ethiopia et la Fondation Yves-Rocher. Elle produit chaque année près de neuf cent mille arbres qui seront replantés dans la région. L’essentiel de la main-d’oeuvre est féminine, mais Girmay travaille là depuis trois mois maintenant et il ne s’en plaint pas. Ce jeune homme fluet de 19 ans ne rechigne pas à la tâche, tout
    comme ces dames. Il multiplie les allers-retours à la rivière, chargé de son seau pour arroser les précieux plants. « C’est vrai que ce travail est essentiellement féminin. Mais ça ne me gêne pas. Je suis ravi d’avoir cet emploi. Dans un pays aussi pauvre que le nôtre, c’est une chance. De plus, travailler à faire grandir des arbres me donne le sourire. Sans eux, il n’y aurait plus de vie. Notre pays en sait quelque chose. Je suis jeune, mais mes parents ont connu la famine de 1985, ils ont perdu des proches et n’ont pas oublié. Je me souviens que, petit, je regardais les montagnes autour de moi et elles étaient nues, sans arbres. Aujour d’hui, le paysage change. Il y a chaque année plus de verdure. Enfin, les arbres commencent à regagner du terrain. Je vois des champs avec des fruits et des légumes. J’ai planté des arbres fruitiers près de ma maison. À 19 ans, je viens de découvrir autre chose que le pois chiche pour me nourrir. Je mange des oranges, des mangues, des papayes, des pommes. Enfant, je n’en avais jamais vu. Je considérais les tomates comme un luxe. En vingt ans nous avons réussi à réduire la déforestation et à améliorer notre quotidien. Alors, non, ça ne me gêne pas de travailler avec toutes ces femmes car nous contribuons à reconstruire le pays. »

    Par Nadjet Cherigui (VSD)

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  • Le gardien du site de Noville a écorcé une trentaine d’aulnes noirs afin de les faire sécher et de favoriser la biodiversité. Le procédé émeut.

    Des arbres condamnés à mourir à petit feu, debout et écorcés

    Les aulnes noirs ont été écorcés cet hiver par Olivier Epars, gardien de la réserve des Grangettes.

    En balade au cœur de la réserve des Grangettes, Laurent Prêtre s’est arrêté tout net sur le sentier en apercevant une trentaine d’arbres dont l’écorce avait été pelée sur une cinquantaine de centimètres. «Deux dames qui passaient là m’ont demandé si c’étaient des castors qui les avaient écorcés. Mais j’ai compris que c’était le travail de l’homme. Et que le but était de faire crever à petit feu ces arbres en pleine santé en empêchant la montée de leur sève», se fâche l’ancien paysagiste.

    L’homme en question, c’est Olivier Epars, gardien de la réserve située à Noville. L’hiver dernier, il a procédé à cette opération d’annelage sur une trentaine d’aulnes noirs, l’espèce d’arbres la plus répandue aux Grangettes.

    Il a donc incisé leur écorce sur toute leur circonférence afin de les priver de sève et les faire mourir debout. «Je suis intervenu dans le cadre des mesures de gestion de la réserve. Un des objectifs est de maintenir et de protéger les marais, en contenant l’avancée de la forêt.»

    Le procédé a du bon
    En hiver, le gardien procède donc à des abattages dans les lisières moyennant l’autorisation du Canton. «Et lorsque les arbres sont assez gros, je les écorce afin qu’ils sèchent sur pied. Il y a peu de grands arbres morts aux Grangettes. Or ceux-ci attirent les oiseaux cavernicoles comme les mésanges ou les pics, ainsi que divers insectes.»

    Olivier Epars ajoute que c’est la première fois que cette opération d’annelage est aussi visible et que les aulnes condamnés sont vieux de 20 à 30 ans. Ils mettront en principe un an à mourir.

    «L’annelage, on le pratique peu, parce que ça choque les gens, fait remarquer Jean-Louis Gay, inspecteur forestier pour le Canton. Ce procédé offre néanmoins une plus-value certaine en matière de biodiversité. L’arbre qui dépérit attire tout un cortège d’oiseaux, d’insectes et de champignons différents de ceux qui viendraient sur un arbre abattu et laissé à terre. On écorce des arbres depuis plus de quinze ans aux Grangettes, mais c’est la première fois qu’ils sont aussi proches d’un sentier. A terme, les promeneurs pourront peut-être observer des pics sur ces aulnes.»

    Effectué à l’aide d’une hache ou d’une tronçonneuse, l’annelage est également privilégié lors d’opérations visant à rajeunir des forêts et à éliminer certains vieux arbres pour favoriser la pousse des plus jeunes. «On évite ainsi les dégâts générés par un abattage», explique l’inspecteur.

    Aux Grangettes, certains des aulnes noirs annelés poussent à une quinzaine de mètres du sentier qui serpente dans la réserve. Une fois morts, ne risquent-ils pas de casser et de menacer la sécurité des promeneurs? «Non, nous avons examiné cette question avec le garde forestier. Tous ces arbres poussent en lisière sud et penchent vers le sud. S’ils devaient tomber, ils tomberaient dans les marais», rassure Olivier Epars.


    Une réserve pas si naturelle que ça

    Située à l’extrémité est du Léman, la réserve naturelle des Grangettes s’étend sur 120 hectares, constitués essentiellement de marais et de forêt. Les travaux qui y sont menés sont inscrits dans le plan de gestion 2010-2019 approuvé par les autorités cantonales et fédérales. Et contrairement à ce qu’on imagine souvent, elle n’est pas un sanctuaire livré à dame Nature exclusivement. «La réserve naturelle n’est plus «naturelle» depuis la canalisation du Rhône il y a cent cinquante ans. Et si on veut maintenir ce qui reste, on est obligés d’intervenir», explique le gardien de la réserve, Olivier Epars.

    Coupes d’arbres, nettoyage des roselières, fauchage, débroussaillage (parfois à l’aide de machines), curages des petites mares: les travaux d’entretien sont permanents afin de maintenir la biodiversité de la réserve, ou l’augmenter. Les opérations visant à modifier le terrain ou les coupes d’arbres sont soumises à l’aval préalable du Canton. Et le public doit être informé par le biais de petits panneaux, lors d’interventions visibles. Ce qui a été fait pour expliquer l’annelage des aulnes noirs qui bordent les marais.

     


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  • Le FNUF approuve une série de mesures à l'appui d'une gestion durable des forêts

    Le Forum des Nations Unies sur les forêts a conclu samedi sa dixième session à Istanbul, en Turquie, en adoptant une série de mesures destinées à améliorer la gestion durable des forêts et en décidant d'examiner en 2015 la possibilité de créer un fonds mondial de contributions volontaires à l'appui de son financement.

     

    Le Forum, qui a entamé ses travaux le 8 avril dernier, avait accepté l'invitation de la Turquie de quitter exceptionnellement le Siège de l'ONU à New York pour tenir cette session-anniversaire à Istanbul. Plus de 3.000 participants, représentant 197 États, avaient fait le déplacement.

     

    Reconnaissant la contribution des biens et services des forêts aux économies nationales et locales, le Forum a appelé dans ses résolutions finales les gouvernements à intégrer la valeur des forêts dans leurs systèmes nationaux de comptabilité et leurs politiques de développement. A cette fin, ils sont invités à améliorer la collecte, l'analyse et la diffusion des informations et des données et à développer des méthodologies pour évaluer « le large éventail des bienfaits découlant des forêts ».

     

    Il n'y a pas, reconnaît le Forum, de réponse unique aux besoins financiers en la matière. Des actions conjuguées sont attendues de toutes les parties prenantes et sources, publiques et privées, nationales et internationales, bilatérales et multilatérales. Le Forum invite d'ailleurs le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) à créer « un nouveau point focal sur les forêts », à sa prochaine reconstitution, et à essayer d'améliorer les modalités actuelles de financement.

     

    Les forêts représentent 31% de la surface émergée du globe, soit environ quatre milliards d'hectares. Alors que trois milliards de personnes dans le monde en dépendent pour le bois de chauffage, et 1,6 milliard pour leurs moyens de subsistance, la couverture forestière est menacée par les besoins exponentiels en matière d'agriculture, d'infrastructures de transport, de ressources naturelles et de médicaments.

     

    « Il y a désormais une prise de conscience plus forte que jamais que les forêts sont essentielles au développement économique et au développement durable », s'est félicité le Directeur du Secrétariat du Forum, Jan McAlpine.

     

    Au cours de ce rassemblement historique, a-t-il poursuivi, les Etats Membres ont innové et se sont mis d'accord pour affirmer l'importance d'une gestion durable de nos forêts pour qu'elles puissent continuer de jouer leur rôle dans le développement économique et l'éradication de la pauvreté.

     

    Etabli en 2000 par le Conseil économique et social (ECOSOC), le Forum est le seul organe international à traiter de toutes les questions politiques relatives aux forêts. Les Etats Membres décideront lors de la prochaine session, qui se tiendra en 2015, comment évolueront les fonctions du Forum au niveau international et s'il est nécessaire d'élaborer un traité international sur les forêts.

     

    Le succès de cette dixième session, a commenté le Président du FNUF, Mario Ruales Carranza, souligne le caractère unique de la valeur ajoutée du Forum, organe d'élaboration des politiques sur tous les types de forêts. « Les résolutions adoptées aujourd'hui sont une nouvelle étape importante sur la voie d'un avenir meilleur », a-t-il estimé.

     


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  • MONTREAL - Le gouvernement canadien a annoncé vendredi l'éradication réussie d'un insecte d'origine asiatique mangeur de bois, le longicorne asiatique, dit aussi capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis).

    Il a fallu abattre trente mille arbres infestés ou vulnérables dans les zones touchées, où le coléoptère originaire de Chine et de Corée avait été signalé pour la première fois en 2003, à Vaughan et à Toronto, en Ontario, indique un communiqué de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).

    L'opération, seul moyen connu de lutte contre cette espèce, a apparemment réussi: le longicorne, qui mesure environ 3 cm sans compter les antennes, et peut être identifié par des taches claires sur un corps noir brillant, a été signalé dans cette zone pour la dernière fois en décembre 2007 et il n'a jamais été détecté ailleurs au Canada.

    Les femelles déposent leurs oeufs dans les rainures qu'elles pratiquent dans l'écorce de nombreuses espèces de feuillus, dont les érables, les ormes, les bouleaux, les peupliers et les saules. Ensuite, les larves s'enfoncent plus profondément dans le tronc où elles hibernent tout en se nourrissant de bois et causent des dommages importants, avant que l'insecte adulte ne creuse encore un tunnel pour sortir de l'arbre.

    Nous venons de franchir une étape importante dans la lutte contre les organismes nuisibles envahissants, a déclaré le ministre de l'Agriculture Gerry Ritz, cité dans le communiqué de l'ACIA.

    L'insecte, qui a causé des pertes très importantes aux forêts chinoises, est également combattu actuellement au sud de la frontière canadienne, dans le Massachusetts, l'Etat de New-York et l'Ohio.


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  • Simon Ellis est consterné: 50.000 arbres ont été détruits dans sa pépinière et des dizaines de milliers vont lui rester sur les Bras. Le coupable s'appelle "Chalara fraxinea", un champignon mortifère venu du continent qui menace les quelque 126 millions de frênes de Grande-Bretagne.

    Une première alerte a été lancée début 2012 quand il a été signalé sur des plants importés. Mais sa découverte à l'automne dans la nature a mis en émoi le pays qui craint de voir disparaître l'une des trois essences les plus répandues au Royaume-Uni. Car en quelques mois, il a déjà été repéré sur 352 sites.

    Ce champignon se développe sur les feuilles mortes au sol. Ses spores se déposent avec le vent sur le feuillage du frêne. Flétrissement des feuilles, nécrose des rameaux: l'arbre dépérit en quelques années, beaucoup plus vite s'il est jeune.

     

    En hiver, la maladie - la chalarose - est en sommeil. Mais avec les beaux jours, "on va la trouver partout", prédit Simon Ellis, directeur général des pépinières Crowders dans l'est de l'Angleterre, qui accuse les autorités d'avoir trop tardé à réagir. "La situation est totalement hors de contrôle".

    Chalara est "susceptible de dévaster les paysages britanniques", s'alarme aussi Woodland Trust, une association de lutte pour la protection des forêts qui redoute un "désastre écologique".

    Le gouvernement a convoqué cet automne une réunion "Cobra", réservée aux situations de crise. Les importations de frênes ont été bannies, comme la circulation de graines ou de plants dans le pays. 100.000 arbres ont aussi été abattus.

    Son seul espoir est pour l'instant de ralentir la maladie et de trouver des frênes résistants "afin de restructurer les forêts". Car nul ne sait comment l'éradiquer.

    Apparue pour la première fois en 1992 en Pologne, elle sévit aujourd'hui dans 22 pays du continent où les frênes, un arbre utilisé pour le reboisement, l'ornement, l'ameublement ou comme combustible, sont aussi communs en ville. Elle a fait des ravages au Danemark, infectant 90% des frênes.

    Les pépiniéristes britanniques ont fait leurs comptes: la chalarose a déjà obligé 13% d'entre eux à détruire leurs stocks.

    Mais les écologistes s'inquiètent aussi des dommages collatéraux car ces arbres abritent une biodiversité importante. Leur disparition dans les forêts "aurait des répercussions sur l'ensemble de l'écosystème", confirme un rapport parlementaire.

    Comment Chalara a-t-elle traversé la Manche? sa présence dans des bois, sans lien avec les pépinières infectées, laisse penser aux scientifiques que les spores ont sans doute été transportés par le vent ou par des oiseaux.

    Mais le champignon a peut-être encore plus voyagé qu'il n'y paraît: des experts estiment qu'il pourrait venir du Japon ou de Corée. Un effet de la mondialisation.

    "Un particulier ou une collectivité peut très bien se procurer chez un pépiniériste européen un plant de frênes venu d'Asie d'apparence saine, mais où le champignon est présent à l'état latent", explique Arnaud Dowkiw, chercheur à l'Institut national de la Recherche agronomique Inra) en France et vice-président de FraxBack. Ce réseau européen regroupe scientifiques et professionnels pour fédérer les connaissances acquises.

    "Le problème, c'est que les plants ornementaux ne sont pas soumis à la même réglementation que les plants forestiers en matière de traçabilité et d'origine géographique", note-t-il.

    Pour lui, lutter contre la maladie nécessite une "vraie stratégie à l'échelle européenne" et "une concertation entre tous les acteurs, plutôt que d'opter pour des solutions hâtives et de soigner le mal par un autre mal", comme le clonage de variétés résistantes sans respect de la diversité génétique. De quoi rendre au final les frênes plus vulnérables à d'autres dangers, nouvelle maladie, insectes ou changements climatiques.


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  • Des millions d'arbres pour le Tamil Nadu

    Lancé par Sadghuru, un maitre spirituel indien, le projet Green Hands vise la plantation de 114 millions d'arbres d'ici à fin 2015, Jacques rocher ( à droite) soutient ce programme avec la fondation Yves Rocher. Des milliers de bénévoles y participent.

    Dans une région aride de l'Inde, Sadghuru, un maître spirituel, est en voie de réaliser un pari fou d'ici à 2015, grâce à des milliers de bénévoles et l'appui de la Fondation Yves Rocher : planter 114 millions d'arbres.

    Celui qui plante un arbre plante un espoir. Pour vérifier l'adage, ils sont des centaines ce matin-là à s'être rassemblés sur ce morceau de plateau désertique, à une trentaine de kilomètres de Coimbatore, au coeur du Tamil Nadu, Etat rural du sud-est de l'Inde. Des femmes drapées dans leur sari creusent un sol sablonneux appauvri par la sévérité d'une sécheresse endémique. Des enfants, accourus des écoles de la région, tiennent fièrement entre leurs mains un plant de santal rouge, de manguier ou de jaquier. Des hommes, ravinés par l'épreuve du soleil, portent des seaux d'eau, liquide précieux dont il ne faut pas perdre une goutte.

    Une armée de bénévoles forte de 300.000 planteurs


    Tous sont des volontaires de Green Hands, une ONG locale au service du reboisement qui, en quelques années, a formé une armée de bénévoles forte de 300.000 planteurs. Barbe grisonnante et fournie, le visage éclairé de ceux dont la bienveillance inspire la confiance, il se tient au milieu de ces paysans et leur prodigue quelques conseils avant de donner le signal.

     

     

    Lui se nomme Sadghuru. Pour les Indiens, il est un maître spirituel, un sage, un être charismatique qui les inspire et leur ouvre la voie d'une nouvelle économie verte. Pour nous Occidentaux, il passerait volontiers pour un fou. Imaginez seulement un homme qui prend le pari de replanter 114 millions d'arbres d'ici à 2015, pour que le Tamil Nadu retrouve une couverture boisée de 33% de sa superficie. Imaginez encore qu'avec sa seule force de conviction, il puisse lever en masse les populations. Imaginez enfin que ce rêve impossible sera bientôt une réalité. Cette aventure, Jacques Rocher, président d'honneur de la Fondation Yves-Rocher, a voulu la partager. Conquis par l'ambition de Sadghuru de vouloir reverdir les déserts, cet entrepreneur, leader français de la cosmétique, s'est engagé à soutenir Green Hands à hauteur de 15 millions d'arbres. Ce jour-là, il peut observer avec satisfaction le résultat de son partenariat: en quelques minutes, près de 2 000 jeunes pousses viennent d'être offertes à la terre. Un bosquet, certes, mais l'effet multiplicateur de ces initiatives a déjà produit en quelques années des massifs forestiers entiers.
    Difficile aujourd'hui, quand on traverse ces paysages arides et décharnés, d'imaginer que le Tamil Nadu fut autrefois une terre vivante et verte. On dit même que les Tamils anciens vouaient une véritable vénération aux arbres qu'ils considéraient comme la demeure des esprits: le moindre abattage pouvait alors provoquer la colère d'une divinité et engendrer maladies, disettes ou mauvaises récoltes. Reste qu'à l'épreuve du temps, de la modernité et des récents caprices climatiques, les plaines, autrefois fertiles, se sont lentement appauvries jusqu'à mourir d'épuisement. Les forêts ont été coupées au hasard pour le bois de chauffage ou de construction, l'agriculture s'est nourrie d'engrais chimiques pour supporter artificiellement un sol sans vie, et la terre s'est alors couchée, nue, non protégée. Le soleil acide a fini de l'achever, l'a cuite, l'a laissée stérile.

    Des millions d'arbres pour le Tamil Nadu

     Dans le Tamil Nadu, la déforestation massive a conduit à l'épuisement des sols, appauvrissant la communauté rurale.


    En 2004, quand le tsunami s'est abattu sur les côtes du Tamil Nadu comme pour parachever la malédiction, Sadghuru a compris l'urgence de la situation: «Si l'on continuait dans cette voie, il y aurait un peu moins de Tamil Nadu, un peu moins d'Inde, un peu moins de Terre. Il fallait réconcilier l'Homme avec la nature, lui qui avait divorcé de son propre sol.» Et de citer joyeusement le poète américain Robert Frost pour marquer sa prise de conscience: «Il y avait deux chemins devant moi, j'ai pris celui qui était le moins emprunté, et là, ma vie a commencé.»

    Des arbres pour le bien-être de tous


    Débute alors un vaste mouvement de sensibilisation avec des mots qui font mouche, dans un pays qui doit faire face aux enjeux conjoints d'une démographie galopante, du développement et de l'urbanisation. Le Tamil Nadu compte 64 millions d'habitants, vivant majoritairement dans les campagnes, pour une superficie d'à peine un quart celle de la France. Sadghuru prêche la bonne parole et parvient à capter l'écoute en démontrant que planter des arbres ne se résume pas à un seul acte angélique, mais contribuera d'abord au bien-être de tous. Les enfants? Ils deviennent ses premiers ambassadeurs grâce aux pépinières que certaines écoles acceptent de développer. Garçons et filles s'affirment dès lors comme les protecteurs des plants qu'ils font germer, qu'ils arrosent avec soin, qu'ils veillent, qu'ils voient pousser et s'élancer. Quant au monde paysan? Il pensait qu'avec l'adoption de la monoculture, l'arbre se muait en son pire ennemi, en plongeant ses racines dans les champs, en réduisant les surfaces agricoles, en étouffant les semences. Il deviendra son meilleur atout. Car l'arbre permet d'éviter l'érosion des sols, il restaure la qualité de la terre, et l'ombre qu'il projette permet d'abriter de nouvelles cultures, du soja, des poivriers, des légumineux donnant jusqu'à quatre récoltes par an.
    Sadghuru prend le contre-pied d'une monoculture intensive qui a appauvri les fermiers, et prône la polyculture, où l'arbre est roi, et les sources de revenus considérablement accrues. Le tout, en parfaite autosuffisance sans recourir aux pesticides. Une initiative que ne renierait sans doute pas Pierre Rabhi, penseur de la biodiversité et farouche défenseur de l'agro-écologie, quand il affirme que notre planète vit une période de transition «entre un ordre qui meurt et un avenir à inventer». Selon lui, notre lien à la terre est si intime, si vital qu'en matière d'agronomie, il faut en finir avec le règne destructeur du tout technique et de la productivité, et éviter ainsi le pillage du vivant par la surexploitation humaine.

    850.000 arbres plantés en une journée

     


    Les premières fermes modèles commencent à fleurir, le bouche-à-oreille se propage, l'enthousiasme gagne les coeurs, un élan inéluctable se dessine. C'est le moment que choisit Sadghuru pour frapper un grand coup. «La faiblesse de nos moyens est compensée par le nombre de nos bras», se plaît-il à préciser. En octobre 2006, il parvient à mobiliser des milliers de volontaires. En une seule journée, 850.000 arbres sont plantés aux quatre coins du Tamil Nadu: il entre dans le Guinness des records. En France, Jacques Rocher a eu vent de ce «miracle» indien. Il revient tout juste du Kenya où il a rencontré Wangari Maathai, prix Nobel de la paix aujourd'hui disparue. Cette protectrice de l'environnement s'érige en marraine de la reforestation sous l'égide de l'ONU. Par l'entremise de sa Fondation, Jacques Rocher promet de se battre à ses côtés et s'associe tout naturellement aux desseins du maître spirituel indien. «La démarche de Green Hands s'inscrit dans une démarche globale en associant les populations locales, les paysans et les écoles.


    Planter des arbres exige de s'inscrire dans le temps. Ici, les objectifs sont pharaoniques, mais réalistes. C'est pourquoi, nous accompagnons ces hommes et ces femmes dans leur action visionnaire.»Et c'est vrai que la planète vit aujourd'hui une situation de destruction massive de son milieu naturel. Chaque année, nous perdons 7,3 millions d'hectares boisés, la superficie du Portugal. Le phénomène a de quoi alarmer quand on sait que les forêts tropicales recouvrent 7 % de la superficie terrestre, et relâchent dans l'atmosphère 40% de l'oxygène que nous respirons. «Notre combat de replanter 50 millions d'arbres d'ici à fin 2015 peut sembler dérisoire aux yeux de certains, renchérit Jacques Rocher. Mais nous avons tous une responsabilité commune: soit on agit, soit on ne fait rien. Mon rôle consiste à transmettre une écologie positive de plaisir en touchant le coeur des gens: car l'arbre est symbole de pérennité et de transmission.»
    À l'école de Bungalowpudur, ces enfants, assis par terre, côte à côte, en sont la preuve: ils remplissent des petits sachets de terre enrichie pour y planter une graine. Ce sont eux qui vont montrer le chemin aux générations futures. Plus de 600 établissements scolaires ont intégré ce projet de replantation dans leurs programmes. Chacun produit plus de 2 000 plants par année, pour une trentaine d'espèces qui seront diffusées dans tout le Tamil Nadu. Un effet multiplicateur qui permettra bientôt d'atteindre l'objectif promis.

     

     

    Thengaraju fait partie des 24.000 paysans qui ont suivi les indications de Sadghuru. Les 7 000 bananiers, manguiers ou cocotiers plantés il y a trois ans commencent à donner leurs fruits. Ses revenus annuels ont quadruplé pour atteindre désormais près de 600.000 roupies (environ 8 500 euros), un joli pactole quand on sait que les salaires dépassent ici rarement les 1 000 euros par habitant et par an. Notre homme veut désormais transmettre le message aux autres fermiers: «Qu'ils aient conscience du résultat obtenu pour à leur tour prendre le le relais.»
    Au nord du Tamil Nadu, à la frontière avec le Kerala, la réserve naturelle de Mandumalai abrite l'une des dernières forêts primaires de la région. Un espace réduit peuplé d'éléphants sauvages, de tigres et d'arbres millénaires. Un sanctuaire de la biodiversité, le vestige d'un monde ancien. Il était une fois un sage indien et un industriel français qui décidèrent d'unir leurs efforts pour reverdir la planète. Au nom de l'humanité et d'une certaine générosité. Contre le fatalisme et le catastrophisme. Ni l'un ni l'autre ne démentiraient les propos de Martin Luther King quand il déclara: «Si l'on m'apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier.» Pour un ultime espoir... -

    Plantons pour la planète

    C'est en 2007 que la Fondation Yves-Rocher - Institut de France lance sa grande opération de reboisement à travers le monde, avec l'engagement aujourd'hui de planter 50 millions d'arbres d'ici à la fin de 2015. Elle compte désormais 24 spots dans 21 pays (Ethiopie, Chine, Sénégal, France, Thaïlande...) et plus de 21 millions d'arbres ont déjà été plantés. Pour tout renseignement:

    www.fondation-yves-rocher.org

     

     


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  • Les origines

    Je suis née le 1er avril 1940 dans le petit village d'Ihithe, non loin de Nyeri, capitale de la province Centre du Kenya. Cette région des Hautes Terres, butant sur les contreforts des monts Aberdare et dominée, au nord, par le mont Kenya, avait également vu naître mes grands-parents et mes parents. C'étaient des paysans de la tribu des Kikuyu, l'une des quarante-deux ethnies du Kenya et, à l'époque comme aujourd'hui, la plus importante par le nombre. Ils cultivaient un petit lopin de terre et élevaient quelques vaches, chèvres et moutons.
    Deux semaines après le début de mbura ya njahi, la saison des longues pluies, ma mère me mit au monde à la maison, dans une hutte traditionnelle aux murs de terre et de bouse séchée, sans eau courante ni électricité. Elle était entourée de quelques cousines, tantes et amies, et la sage-femme du village était venue l'aider. J'étais le troisième enfant et la première fille de la famille. Et j'appartenais à cette génération charnière qui eut le privilège de connaître les ultimes vestiges d'un monde ancien, dont la culture, les traditions, les croyances et jusqu'aux paysages commençaient inexorablement à disparaître.
    Les campagnes des environs d'Ihithe étaient alors encore vertes, luxuriantes et fertiles. La région était tapissée de forêts, sous-bois et fourrés, foisonnants de fougères et de toutes sortes de plantes ram­pantes. Certains arbres, comme le mitundu, le mikeu et le mûgumo, donnaient des baies et des noix dont se régalaient les enfants. La terre, d'un beau rouge sombre, était riche et humide. Notre peuple cultivait de vastes champs de maïs, de haricots, de céréales et de légumes bien irrigués, et ne connaissait pas la faim. Le rythme des saisons était si régulier que l'on pouvait prédire sans trop de risque de se tromper que les grandes pluies de mousson commenceraient à la mi-mars. Ces pluies enflaient si bien les rivières que jamais on ne manquait d'eau potable. Et quand juillet arrivait, le brouillard à couper au couteau n'étonnait personne : on savait qu'à cette période de l'année, on ne verrait pas à trois mètres devant soi, et que les matins seraient si froids qu'une gelée blanche recouvrirait les pâturages. En langue kikuyu, juillet se dit d'ailleurs mworia nyoni, «le mois où les oiseaux pourrissent», car les oiseaux mouraient de froid et tombaient des branches !
    Chaque naissance était célébrée par un très beau rituel, par lequel la communauté accueillait le nouveau-né sur la terre de ses ancêtres, aussi abondante que généreuse. À peine le bébé avait-il poussé ses premiers vagissements que les femmes qui avaient assisté à l'accouchement allaient couper sur l'arbre un gros régime de bananes encore vertes. Si un seul fruit était un peu trop mûr ou avait été picoré par les oiseaux, le régime était jugé indigne de cette grande occasion : il fallait alors en chercher un autre, généreux et entier, qui symboliserait la plénitude et le bien-être, deux valeurs essentielles aux yeux de la communauté. Puis elles faisaient la tournée des potagers et de leurs champs pour ramener aussi à la jeune mère des patates douces et de la canne à sucre - mais pas n'importe laquelle ! Seule la kigwa kia nyamuiru, une variété indigène à tige mauve, faisait l'affaire.

    La future mère avait pour sa part engraissé depuis plusieurs mois un agneau, qu'elle gardait jalousement à l'intérieur même de sa case. Pendant que les femmes collectaient les fruits et légumes traditionnels, le père de l'enfant sacrifiait l'agneau et en faisait cuire un morceau. On ajoutait alors les bananes et les patates douces sur le gril et, avec la viande et la canne à sucre, on apportait les plats à la jeune maman. Celle-ci mâchait consciencieusement une bouchée de chaque aliment pour bien le réduire, et donnait la becquée à son enfant. Tel fut donc mon premier repas ; avant même d'avoir tété le lait maternel, j'avais goûté les fruits de notre terre : du jus de banane verte, de canne à sucre mauve, de patate douce et d'agneau gras.
    Dès ma venue au monde, j'étais autant l'enfant de ma terre que celui de mon père, Muta Njugi, et de ma mère, Wanjiru Kibicho. Conformément à la tradition kikuyu, mes parents me donnèrent le prénom de ma grand-mère paternelle, Wangari. 
     

     

    Biographie de l'auteur

    Née en 1940 à Nyeri au Kenya, Wangari Muta Maathai est une militante féministe, pacifiste et écologiste. Biologiste, enseignante, elle devient en 2004 la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour "sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix".

    • Broché: 428 pages
    • Editeur : J'ai lu (1 juin 2011)
    • Collection : J'ai lu Récit
    • Langue : Français
    • ISBN-10: 2290014583
    • ISBN-13: 978-2290014585

     


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